18 avril 2011

Hongrie: nouvelle Constitution sous le signe de Dieu

Après avoir fait adopter des textes de loi liberticides, le gouvernement magyar fait voter lundi une nouvelle Constitution, d’inspiration libérale et ultraréactionnaire.

Budapest (Hongrie), envoyé spécial. «Dieu bénisse les Hongrois », veut croire la première phrase du projet de Constitution hongroise. Fort d’une confortable majorité au Parlement, le Fidesz, le parti du premier ministre, Viktor Orban, entend faire adopter une nouvelle loi fondamentale, d’inspiration ultraréactionnaire et libérale.

Lors des élections d’avril 2010, le Fidesz s’est adjugé, avec son allié le Parti populaire démocrate-chrétien (KDNP), les deux tiers des sièges. Ce qui lui permet de procéder à une modification de la Constitution. Le hic est que si l’actuelle opposition retrouvait la faveur des électeurs, il est fort vraisemblable qu’il ne rééditerait pas le score du Fidesz. Et devrait faire face à un veto de ce dernier si elle voulait faire évoluer la loi fondamentale.

L’affaire est d’autant plus grave que le texte, dévoilé il y a un mois, sera adopté lundi, sans référendum. Et que sa rédaction finale a été obtenue après un débat parlementaire de neuf jours seulement et sans participation de l’opposition.

L’ensemble de ce texte reprend les grands traits de la révolution conservatrice entreprise par Viktor Orban, déjà auteur d’une loi liberticide sur les médias. Le préambule fait la part belle à une Hongrie chrétienne. « Nous sommes fiers qu’il y a mille ans, notre roi ait établi l’État hongrois sur de solides fondations et fasse de notre pays une partie de l’Europe chrétienne. » À la faveur de ce nouveau texte, le terme de République disparaît.

Ce texte prépare des mesures réactionnaires. Ainsi on peut lire que « la vie doit être protégée depuis le moment de la conception ». Une base légale pour remettre en cause le droit à l’avortement. Le mariage, en général défini par le Code civil dans les autres pays européens, deviendrait par la grâce de la Constitution une « union conjugale entre un homme et une femme ». Difficile, si l’opposition revient aux affaires, d’autoriser le mariage homosexuel.

Par ailleurs, le pouvoir place ses hommes dans tous les organes de contrôle. Les membres de la Cour constitutionnelle seront élus pour douze ans… De quoi empêcher les futurs gouvernements de travailler.

Publié par l'Humanité

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