16 août 2011

LA RIGUEUR EN ITALIE PENALISE AVANT TOUT LES FEMMES !

Les dernières restrictions budgétaires imposées par la crise financière entraînent en Italie un démantèlement des garanties sociales et fragilisent, par effet de ricochet, l’égalité des chances entre les hommes et les femmes.

Silvio Berlusconi et son ministre des Finances Giulio Tremonti donnant une conférence de presse à Rome le 12 août 2011 pour présenter le nouveau plan de rigueur draconien de 45,5 milliards d'euros sur deux ans
Par Sabina Ambrogi, pour TV5

Ces derniers temps, on peut noter trois phénomènes saisissants. L’un, d'envergure nationale faisant empirer une situation déjà très défavorisée et les deux autres, plus ponctuelles agissant ça et là dans le pays, révélant une régression inquiétante.
  1. 1. L'augmentation de l'âge de la retraite des femmes de 60 ans à 65 ans, rapportant 4 milliards d'euros au budget de la nation. Cet apport financier, fourni par le travail des femmes, a été destiné à assainir des trous budgétaires nationaux.
  2. 2. Des changements dans le rôle octroyé aux « Consultori». Ces dispensaires, où l'on visait une maternité responsable - conquête des années 70 - seraient censés devenir des centres de prévention et de dépistage des maladies.
  3. 3. Des fermetures de centres « anti-viol », où les femmes qui ont subi des violences bénéficient d’un accompagnement pour retrouver dignité et vie sociale.
  4. LA RETRAITE : LE PETIT TRESOR VOLE AUX FEMMES
    Par tradition et culture, l'Italie a confié aux femmes une série de tâches, du soin des enfants jusqu'au soin des personnes âgées, qui, elles, devraient être l'objet de services fournis par l’État.

    En échange de ce « dévouement » à la croissance de la nation (et au travail des hommes), l’État a voulu donner une prime aux femmes, en leur accordant le droit de partir à la retraite cinq ans avant les hommes, c’est-dire à 60 ans.

    Dernièrement, par souci d’égalité entre les sexes, l 'Union européenne a imposé des paramètres communautaires qui ont obligé l'Italie à faire passer l’âge de la retraite à 65 ans pour les femmes. Un texte que le parlement a voté très rapidement.

    Emma Bonino, présidente adjointe du Sénat, leader du Parti radical et ancienne commissaire européenne, qui a pris part aux batailles fondamentales comme le référendum sur l'avortement et le divorce, explique comment les quatre milliards d'euros économisés avec l'augmentation de l'âge de la retraite des femmes destinés, à l'origine, à améliorer les conditions d'accès au travail pour les femmes ont été utilisés pour remplir les trous du budget national.

Cette dernière mesure n'est qu'un aboutissement naturel de politiques aveugles de longue durée. Les résultats sont tous là. En Italie du Sud, moins de la moitié des femmes travaillent, sans pour cela avoir obtenu d’elles qu’elle donnent naissance à davantage d’enfants et, dans l’ensemble du pays, le chômage frappe plus les femmes que les hommes (bien que le niveau scolaire des femmes soit plus élevé) : 9,7 % contre 7,6 %.


En revanche, il existe toute une rhétorique sur la maternité et la famille. Il s'agit plutôt d'un triste outil de propagande qui fait qu'à travers la communication de masse les femmes sont priées de faire des enfants, de ne pas travailler et de se consacrer aux personnes âgées.
Les paradoxes sont tragiques. Le nombre de femmes qui, ces dernières années, ont été obligées de signer des « démissions en blanc » a atteint les 800 000. Au moment de l'embauche, elles sont invitées à signer une fiche de démission, qui, en cas de maternité, devient un faux « libre choix de démission ».

Quand une crèche coûte au minimum 600 euros par mois, pour plus d'une femme qui veut travailler, la solution est une sorte de stérilité auto-imposée.


LA MENACE DES ASSOCIATIONS PRO-LIFE

Le corps prend une place centrale dans la bataille politique. Comme la remise en cause des acquis des années 70. Un douloureux débat sur la pilule abortive Ru486 et l'avortement a été rouvert, souvent comme monnaie d'échange entre pouvoir politique et l’aile intégriste de l'Église qui fournit les votes de ses fidèles en échange de subventions publiques aux écoles privées, et d'autres garanties comme la gestion des corps des fidèles. Ainsi de l'euthanasie à l'avortement, tout est objet de débat parlementaire.
La crise a bien évidemment fortifié cette régression. Les « consultori » qui étaient des centres d'accueil et de prévention et dépistage de maladies pour les femmes ainsi que la garantie de gestion d'une maternité « libre et responsable » vont perdre leur pouvoir et le but de leur mission. A leur place, on voudrait instaurer progressivement des associations « pro-life », qui en se définissant « pour la vie », incorporent un jugement grave. Il va de soi que, selon ces associations, devoir faire face à un avortement signifierait être favorable à la mort. Bien peu laïques et s'inspirant, disent-elles, « de principes chrétiens », fortement voulues par la région de Rome (Latium), elles prennent place là où des campagnes électorales sont menées sur des thèmes sécuritaires, et basées sur « la vie », considérant cette dernière comme une valeur à manipuler.
De même, le président de la région Piémont s'était déjà prononcé à cet égard : « Je vais laisser pourrir la pilule ru486 dans les dépôts. » Cette région aussi est en train d'introduire la nouveauté « pro-life ».


FERMETURE DE CENTRES «ANTI-VIOL»

Aussi, les difficultés budgétaires et une culture peu sensible ont-elles entraîné la fermeture de centres « anti-viol ». Les femmes qui avaient subi des violences pouvaient y retrouver des raisons de vie, être abritée dans ces centres, décider si elles porteraient plainte et être protégées en ce cas.

Aujourd’hui, au moins 58 de ces centres risquent la fermeture. Certains viennent déjà d'être fermés.

Irene Giacobbe, présidente de l'association féministe AFFI, a déclaré : « Un centre anti- viol coûte environs 100 000 euros par an. Ils sont très efficaces et représentent aussi une aide pour la prévention de féminicides [homicides de femmes par viol, par étranglement ou par tout type de supplices, ndlr]. En Italie, tous les deux jours une femme est tuée par un homme qu'il soit son mari, son fiancé ou son amant... Ce qui est insupportable, c'est qu'on veuille fermer ces centres qui fonctionnent très bien et qui sauvent des vies».
Tout cela puise dans un contexte politique et culturel bien évidemment favorable, qui s'est formé avec le temps et a traversé différentes phases politiques. Mais par rapport au passé, ces deux ou trois dernières années, il y a eu des changements significatifs de la part de la société civile.

Si les féministes semblaient endormies (ou bien les médias semblaient ne pas être intéressés par leurs revendications), la situation est en train de changer et une bataille de citoyenneté extrêmement intéressante s’est engagée.

Ce qu'on ne sait pas, c'est à quel point la classe politique a compris ce changement. Mais saura-t-elle l'interpréter sans l'exploiter à son profit et canaliser les énergies qui se sont libérées lors des grandes manifestations qui sont parvenues à faire descendre un million de personnes dans les rues de Rome en février dernier ?

06 août 2011

« Utiliser autrement l’euro pour un nouveau régime de croissance »

Yves Dimicoli, économiste du PCF, analyse la crise de l’endettement public, appelle à une réforme du crédit et à la création d’une monnaie commune mondiale.

Trois ans après la crise 
des subprimes, comment 
en est-on arrivé à l’explosion 
de la dette des États ?
Yves Dimicoli. La phase 2008-2010 a conjugué une crise financière, la plus grave depuis l’entre-deux-guerres, suivie d’une récession mondiale, la plus profonde depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle renvoie à la façon dont les capitalistes utilisent les formidables potentiels de productivité, avec les nouveaux outils de l’information, pour la rentabilité financière 
et contre l’emploi. Cette pression de la rentabilité, qui baisse 
les salaires et réduit l’emploi, 
crée une insuffisance de la demande globale qui a pu être compensée jusqu’ici par l’endettement 
des entreprises et des ménages 
et a conduit en 2008 à la crise des subprimes avec l’impossibilité pour des millions de ménages modestes et insolvables de rembourser 
leur prêt pour se loger. À partir 
de cette étincelle américaine, 
les pertes sont énormes pour 
les banques aux États-Unis, en Europe et dans le monde, entraînant un rationnement 
du crédit et la grande récession 
de 2009 avec 112 millions 
de chômeurs dans le monde. 
Face au risque de l’effondrement du système financier et au risque 
de déflation, les États sont intervenus massivement pour soutenir les institutions financières par le biais d’aides publiques massives allant jusqu’à 
des prises de participation, voire 
des nationalisations. Cette intervention s’est accompagnée d’un abaissement très important des taux d’intérêt et d’une formidable création monétaire des banques centrales. Fin 2009, par exemple, la dette américaine atteignait 1 500 milliards de dollars. Mais toutes ces mesures ont été réalisées sans toucher aux critères des crédits et des banques ou 
aux modalités des aides publiques.

Cette montagne de dettes 
risque-t-elle de plonger une nouvelle fois l’économie mondiale 
dans la récession ?
Yves Dimicoli. Le type de réponse à cet excès d’endettement public va conduire à des exacerbations nouvelles. En 2010, l’explosion de la spéculation sur les titres de dette publique a déclenché la remontée brutale des taux d’intérêt dans 
les pays en difficulté comme 
la Grèce. La crise de l’euro 
a provoqué l’intervention massive de la BCE et du Fonds monétaire international (FMI) avec la création 
d’un fonds de stabilité financière. Cette facilité de paiement emprunte ses ressources sur les marchés financiers pour les prêter aux pays en difficulté afin qu’ils puissent continuer à s’endetter sur 
les marchés. Et tout cela au prix 
de politiques d’austérité qui cassent la croissance et font exploser 
le chômage. Un véritable fiasco puisqu’il a débouché sur un nouveau plan de « sauvetage » 
qui aggrave cette logique au service de la domination des marchés financiers. Cet excès des dettes publiques en Europe mais aussi aux États-Unis peut conduire 
à un nouveau krach.

Pour échapper à un tel scénario 
ne faudrait-il pas sortir de l’euro ?
Yves Dimicoli. Non, car ce serait 
se priver de la force d’une création monétaire commune à l’échelle européenne, et alors disposer 
de moins bonnes conditions 
de financement, surtout pour 
un pays moyen comme la France. Cela reviendrait aussi à renforcer le dollar dans son rôle de monnaie commune mondiale de domination alors que la crise appelle à la mise en cause de cette hégémonie. 
Le défi consiste à utiliser autrement l’euro et à donner une tout autre orientation à la BCE, conduisant 
à une transformation radicale 
du crédit. Nous proposons un crédit bancaire d’un taux très abaissé pour les investissements matériels réels et de recherche procurant de bons emplois et de bonnes formations.

La crise n’appelle-t-elle pas 
à de nouvelles institutions mondiales ?
Yves Dimicoli. Il faut une transformation radicale 
des institutions existantes, notamment celle du FMI, 
à travers une réforme des droits 
de tirages spéciaux. Ces titres 
créés et attribués par le FMI 
à une banque centrale permettent, 
dans un mécanisme de coopération, d’émettre de la monnaie et de 
se refinancer. Ce serait un pas vers une monnaie commune mondiale. Un moyen de développer au travers du crédit les capacités humaines, 
de faire reculer la spéculation 
et de pérenniser un nouveau régime de croissance et de développement.

03 août 2011

INSOLITE : LITUANIE - COMMENT FAIRE RESPECTER LES REGLES DE STATIONNEMENT

Le maire de la capitale lituanienne Arturas Zuokas a écrasé une Mercedes garée sur une piste cyclable avec un véhicule blindé, afin d'attirer l'attention sur le respect des règles de circulation, rapporte mercredi le service de presse de la mairie.
"Ces derniers temps, le nombre de violations (des règles de circulation) a augmenté, et je voulais rappeler encore une fois par le biais de cette action qu'il faut se comporter respectueusement envers les autres", a indiqué le maire de Vilnius.

"Bien évidemment, la Mercedes a été placée là exprès, c'était une mise en scène", a annoncé à RIA Novosti la porte-parole de la mairie Irma Juskenaite.