01 septembre 2006


CONSTRUCTION EUROPEENNE PAS DE CONFIANCE

Une écrasante majorité d’Européens ne fait plus confiance aujourd’hui ni en leur gouvernement national ni dans les institutions de l’UE.

D’après l’enquête réalisée fin mai par l’Institut Penn Schoen and Berland pour l’hebdomadaire European Voice, plus des trois quarts des citoyens européens interrogés (78 %) marquent leur défiance à l’égard de leurs gouvernants nationaux et ils sont près des deux tiers (63 %) à proclamer leurs préventions contre les institutions européennes.

Cette photographie de l’opinion montre la profondeur du décalage entre les attentes des populations et une gouvernance nationale ou européenne soumise au formatage transparti induit par la construction actuelle de l’UE, celle-là même à laquelle la constitution libérale rejetée en France et aux Pays-Bas l’an dernier devait apporter un ultime couronnement.

La crise de confiance se traduit selon les lieux soit par le recours au populisme (la Pologne en est l’exemple le plus exacerbé), soit par les soucis de serrer les rangs dans des gouvernements d’Union sacrée (l’Allemagne avec l’alliance CDU-SPD en constituant l’exemple type).

Le chancelier autrichien Schüssel dont le pays préside aujourd’hui l’UE a été l’un des précurseurs de l’instrumentalisation du populisme pour se maintenir aux affaires, lui qui a ouvert son gouvernement (jusqu’à aujourd’hui) à l’extrême droite de Jörg Haider.

Il a été suivi par toute une série de pays dont Italie, Danemark ou les Pays-Bas, suivant un engrenage terrible : plus on entend faire passer démontages sociaux et autres réformes douloureuses requises par les normes libérales de l’UE et plus fort doit résonner le vacarme des dérivatifs sécuritaires ou racistes.

L’Allemagne d’Angela Merkel s’efforce d’imposer à la tête d’une grande coalition les réformes libérales, boudées par les électeurs de base du SPD comme de la CDU.

Le débat politique ne porte donc plus sur leur bien-fondé mais sur le consensus nécessaire pour les faire avaler à une population rétive.Cette normalisation libérale « incontournable » revêt donc un aspect quasi totalitaire que démasque Oskar Lafontaine, ex dirigeant du SPD en rupture de ban, devenu l’un des leaders du parti de gauche en voie de formation outre Rhin, quand il pointe « le parti unique néolibéral. »

Dans la plupart des États membres « populisme instrumentalisé » et tentation d’Union sacrée cohabitent.

C’est cette volonté multiforme de court-circuiter une confrontation de fond qui nourrit la montée du scepticisme à l’égard des gouvernants.

L’évolution est dangereuse bien entendu pour la démocratie européenne, mais elle trahit aussi la faiblesse, des adeptes résignés ou convaincus de la normalisation libérale.

D’où l’immense responsabilité des mouvements et partis qui entendent libérer l’UE de ses terribles carcans.

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