Trois ans après la crise
des subprimes, comment
en est-on arrivé à l’explosion
de la dette des États ?
Yves Dimicoli. La phase 2008-2010 a conjugué une crise financière, la plus grave depuis l’entre-deux-guerres, suivie d’une récession mondiale, la plus profonde depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle renvoie à la façon dont les capitalistes utilisent les formidables potentiels de productivité, avec les nouveaux outils de l’information, pour la rentabilité financière et contre l’emploi. Cette pression de la rentabilité, qui baisse les salaires et réduit l’emploi, crée une insuffisance de la demande globale qui a pu être compensée jusqu’ici par l’endettement des entreprises et des ménages et a conduit en 2008 à la crise des subprimes avec l’impossibilité pour des millions de ménages modestes et insolvables de rembourser leur prêt pour se loger. À partir de cette étincelle américaine, les pertes sont énormes pour les banques aux États-Unis, en Europe et dans le monde, entraînant un rationnement du crédit et la grande récession de 2009 avec 112 millions de chômeurs dans le monde. Face au risque de l’effondrement du système financier et au risque de déflation, les États sont intervenus massivement pour soutenir les institutions financières par le biais d’aides publiques massives allant jusqu’à des prises de participation, voire des nationalisations. Cette intervention s’est accompagnée d’un abaissement très important des taux d’intérêt et d’une formidable création monétaire des banques centrales. Fin 2009, par exemple, la dette américaine atteignait 1 500 milliards de dollars. Mais toutes ces mesures ont été réalisées sans toucher aux critères des crédits et des banques ou aux modalités des aides publiques.
Cette montagne de dettes risque-t-elle de plonger une nouvelle fois l’économie mondiale dans la récession ?
Yves Dimicoli. Le type de réponse à cet excès d’endettement public va conduire à des exacerbations nouvelles. En 2010, l’explosion de la spéculation sur les titres de dette publique a déclenché la remontée brutale des taux d’intérêt dans les pays en difficulté comme la Grèce. La crise de l’euro a provoqué l’intervention massive de la BCE et du Fonds monétaire international (FMI) avec la création d’un fonds de stabilité financière. Cette facilité de paiement emprunte ses ressources sur les marchés financiers pour les prêter aux pays en difficulté afin qu’ils puissent continuer à s’endetter sur les marchés. Et tout cela au prix de politiques d’austérité qui cassent la croissance et font exploser le chômage. Un véritable fiasco puisqu’il a débouché sur un nouveau plan de « sauvetage » qui aggrave cette logique au service de la domination des marchés financiers. Cet excès des dettes publiques en Europe mais aussi aux États-Unis peut conduire à un nouveau krach.
Pour échapper à un tel scénario ne faudrait-il pas sortir de l’euro ?
Yves Dimicoli. Non, car ce serait se priver de la force d’une création monétaire commune à l’échelle européenne, et alors disposer de moins bonnes conditions de financement, surtout pour un pays moyen comme la France. Cela reviendrait aussi à renforcer le dollar dans son rôle de monnaie commune mondiale de domination alors que la crise appelle à la mise en cause de cette hégémonie. Le défi consiste à utiliser autrement l’euro et à donner une tout autre orientation à la BCE, conduisant à une transformation radicale du crédit. Nous proposons un crédit bancaire d’un taux très abaissé pour les investissements matériels réels et de recherche procurant de bons emplois et de bonnes formations.
La crise n’appelle-t-elle pas à de nouvelles institutions mondiales ?
Yves Dimicoli. Il faut une transformation radicale des institutions existantes, notamment celle du FMI, à travers une réforme des droits de tirages spéciaux. Ces titres créés et attribués par le FMI à une banque centrale permettent, dans un mécanisme de coopération, d’émettre de la monnaie et de se refinancer. Ce serait un pas vers une monnaie commune mondiale. Un moyen de développer au travers du crédit les capacités humaines, de faire reculer la spéculation et de pérenniser un nouveau régime de croissance et de développement.
Yves Dimicoli. La phase 2008-2010 a conjugué une crise financière, la plus grave depuis l’entre-deux-guerres, suivie d’une récession mondiale, la plus profonde depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle renvoie à la façon dont les capitalistes utilisent les formidables potentiels de productivité, avec les nouveaux outils de l’information, pour la rentabilité financière et contre l’emploi. Cette pression de la rentabilité, qui baisse les salaires et réduit l’emploi, crée une insuffisance de la demande globale qui a pu être compensée jusqu’ici par l’endettement des entreprises et des ménages et a conduit en 2008 à la crise des subprimes avec l’impossibilité pour des millions de ménages modestes et insolvables de rembourser leur prêt pour se loger. À partir de cette étincelle américaine, les pertes sont énormes pour les banques aux États-Unis, en Europe et dans le monde, entraînant un rationnement du crédit et la grande récession de 2009 avec 112 millions de chômeurs dans le monde. Face au risque de l’effondrement du système financier et au risque de déflation, les États sont intervenus massivement pour soutenir les institutions financières par le biais d’aides publiques massives allant jusqu’à des prises de participation, voire des nationalisations. Cette intervention s’est accompagnée d’un abaissement très important des taux d’intérêt et d’une formidable création monétaire des banques centrales. Fin 2009, par exemple, la dette américaine atteignait 1 500 milliards de dollars. Mais toutes ces mesures ont été réalisées sans toucher aux critères des crédits et des banques ou aux modalités des aides publiques.
Cette montagne de dettes risque-t-elle de plonger une nouvelle fois l’économie mondiale dans la récession ?
Yves Dimicoli. Le type de réponse à cet excès d’endettement public va conduire à des exacerbations nouvelles. En 2010, l’explosion de la spéculation sur les titres de dette publique a déclenché la remontée brutale des taux d’intérêt dans les pays en difficulté comme la Grèce. La crise de l’euro a provoqué l’intervention massive de la BCE et du Fonds monétaire international (FMI) avec la création d’un fonds de stabilité financière. Cette facilité de paiement emprunte ses ressources sur les marchés financiers pour les prêter aux pays en difficulté afin qu’ils puissent continuer à s’endetter sur les marchés. Et tout cela au prix de politiques d’austérité qui cassent la croissance et font exploser le chômage. Un véritable fiasco puisqu’il a débouché sur un nouveau plan de « sauvetage » qui aggrave cette logique au service de la domination des marchés financiers. Cet excès des dettes publiques en Europe mais aussi aux États-Unis peut conduire à un nouveau krach.
Pour échapper à un tel scénario ne faudrait-il pas sortir de l’euro ?
Yves Dimicoli. Non, car ce serait se priver de la force d’une création monétaire commune à l’échelle européenne, et alors disposer de moins bonnes conditions de financement, surtout pour un pays moyen comme la France. Cela reviendrait aussi à renforcer le dollar dans son rôle de monnaie commune mondiale de domination alors que la crise appelle à la mise en cause de cette hégémonie. Le défi consiste à utiliser autrement l’euro et à donner une tout autre orientation à la BCE, conduisant à une transformation radicale du crédit. Nous proposons un crédit bancaire d’un taux très abaissé pour les investissements matériels réels et de recherche procurant de bons emplois et de bonnes formations.
La crise n’appelle-t-elle pas à de nouvelles institutions mondiales ?
Yves Dimicoli. Il faut une transformation radicale des institutions existantes, notamment celle du FMI, à travers une réforme des droits de tirages spéciaux. Ces titres créés et attribués par le FMI à une banque centrale permettent, dans un mécanisme de coopération, d’émettre de la monnaie et de se refinancer. Ce serait un pas vers une monnaie commune mondiale. Un moyen de développer au travers du crédit les capacités humaines, de faire reculer la spéculation et de pérenniser un nouveau régime de croissance et de développement.
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