16 février 2011

LA FRANCE MAUVAIS ELEVE

La France championne du bourrage de classes !

Selon le centre d’analyse stratégique, notre pays possède l’un des taux d’encadrement professeurs/élèves les plus mauvais de l’OCDE. Notamment en primaire et dans le supérieur.

Luc Chatel pourra difficilement faire semblant d’ignorer la réalité. La révélation provient du très officiel Centre d’analyse stratégique (CAS), une institution placée auprès du premier ministre. Et que dit-elle ? Tout simplement que la France possède l’un des taux d’encadrement professeurs/élèves les plus faibles des pays de l’OCDE.

« Tous niveaux et tous établissements confondus (publics et privés), il atteint 6,1 enseignants pour 100 élèves étudiants, alors que des pays comme la Suède, la Grèce ou le Portugal dépassent les 9 enseignants », peut-on lire dans la note de synthèse « Tendances de l’emploi public » de février 2011 (1).

Dans le détail, on s’aperçoit que ces mauvais résultats sont dus aux taux d’encadrement dans le primaire et l’enseignement supérieur. Avec 5 professeurs pour 100 élèves ou étudiants, il s’agit des plus bas de toute l’OCDE ! Dans les collèges et lycées, la France se situe, en revanche, à un niveau « médian » avec 8 enseignants pour 100 élèves. Le pire, c’est que ces chiffres prennent comme référence l’année 2007. Or, depuis, quelque 50 000 postes ont été supprimés dans le primaire et le secondaire. Auxquels doivent s’ajouter 50 000 autres entre 2011 et 2013, dont 16 000 à la rentrée.

De quoi accentuer une tendance bien française au bourrage de classes. Cette dernière est d’ailleurs parfaitement assumée par le ministère de l’Éducation nationale. Pour preuve : en juin dernier, les têtes pensantes de la rue de Grenelle recommandaient aux recteurs en mal de suppressions de postes d’augmenter, entre autres, les effectifs d’un élève par classe, dans l’espoir d’économiser 10 000 postes de profs au plan national.

Quant à Luc Chatel, il s’enferme, sur cette question, dans un déni ahurissant. En juin dernier, notre brillant ministre déclarait in extenso : « Nous avons un taux d’encadrement qui est plus important en France que celui d’autres grands pays développés. » Alors même que les chiffres de l’OCDE pour 2007 constatent 22,6 élèves par classe en primaire et 24,3 dans le secondaire, contre respectivement 21,4 et 23,9 élèves en moyenne dans l’OCDE.

Sur le fond, les chiffres du CAS ne font que confirmer la sous-dotation chronique dont souffre notamment l’école primaire en France. Dans un rapport de mai 2010, la Cour des comptes soulignait déjà que notre pays y consacrait moins de moyens que la moyenne de l’OCDE : 5 % de moins en maternelle, 15 % de moins à l’école élémentaire. Et ce sur la base des chiffres 2006.

(1) Note no 214 consultable à l’adresse http://www.strategie.gouv.fr

Laurent Mouloud pour l'Humanité

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