Le Parlement de Chypre votera ce lundi le plan d’aide européen.
En échange de 10 milliards d’euros de prêt, Nicosie doit instaurer une taxe sur
les dépôts bancaires. C’est la première conséquence du retour de la droite au
pouvoir.
L’Union européenne (UE) instaure un impôt sur le patrimoine… des Chypriotes
modestes. Tous les comptes en banque des résidents à Chypre devraient être
taxés. À 6,75 % pour les dépôts inférieurs à 100 000 euros. À 9,9 % au-delà. Ces
mesures, si elles sont validées lundi 18 mars par le Parlement, pourraient être
la conséquence de l’accord trouvé dans la nuit de vendredi à samedi entre les
ministres de l’Économie de la zone euro (Eurogroupe), en coordination avec le
Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne.
Elles sont la contrepartie exigée par les Européens pour que Chypre obtienne
10 milliards d’euros de prêt. Bien moins que les 17 milliards d’euros attendus
par Nicosie. Ce prélèvement sur les comptes bancaire devrait rapporter 5,8
milliards d’euros : autant de moins à verser pour les fonds de secours
européens.
Par ailleurs, un prélèvement à la source sur les intérêts sera réalisé. Selon
le ministre des Finances, Michalis Sarris, les taxes sur le capital et les
intérêts des dépôts seraient compensées par la distribution d’actions… Alors que
le système bancaire chypriote, vérolé, doit être restructuré.
Car, c’est de ce dernier que vient le problème. Ses avoirs pèsent huit fois
le PIB de Chypre. Les banques de l’île possédaient nombre de titres de dette
grecque. Or une partie de cette dette a été annulée. Nicosie est victime de cet
effacement. La dépréciation des bons du Trésor hellène représente 4,5 milliards
d’euros pour les banques chypriotes, aujourd’hui en crise et qui se retournent
maintenant vers l’État. S’il laisse une banque faire faillite, celui-ci aura à
garantir les dépôts à hauteur de 100 000 euros pour respecter les directives
européennes. Cela pousserait le pays à une quasi-faillite.
« J’ai travaillé des années pour mettre cet argent de côté et maintenant, je
le perds parce que les Néerlandais et les Allemands en ont décidé ainsi. Cela ne
touche pas les Russes », se plaignait Andy Georgiou, samedi. 37 % des sommes
déposées à Chypre le sont par des non-résidents, notamment russes.
« C’est du vol ! » confiait à l’AFP, Kyriakos, un trentenaire, samedi, qui,
comme des dizaines d’autres Chypriotes, retirait de l’argent de son compte. Le
Parlement doit voter l’accord avant l’ouverture des banques, mardi. Sinon, leurs
coffres vont se vider.
Le Parlement devait examiner le texte dès aujourd'hui, mais le débat
a été repoussé à demain lundi.
Élu président de la République le 24 février, face au candidat soutenu par
les communistes, Stavros Malas (42,52 %), Nicos Anastasiades (57,48 %) n’a pas
de majorité au Parlement, renouvelé en 2011. Son Rassemblement démocratique
(Disy), centriste, ne dispose que de 20 des 56 sièges à la Vouli. Il aura besoin
de l’apport des neuf voix du parti de droite Diko, qui examine encore les
détails de l’accord.
Ce racket des épargnants chypriotes est la première conséquence de la perte
de la présidence de la République par les communistes d’Akel qui comptent 19
députés dans leurs rangs. Le prédécesseur d’Anastasiades, Dimitris Christofias,
qui ne s’était pas représenté, était pudiquement qualifié d’« obstacle
politique » par les fonctionnaires européens. Le président communiste refusait
un mémorandum à la grecque, qui aurait amené à la privatisations des entreprises
publiques.
Gaël De Santis
E-Mosaïque Europe
Blog progressiste consacré à l'actualité Française Européenne et Mondiale
18 mars 2013
28 septembre 2012
EUROPE : POLICIERS EN COLERE !
Environ 4.000 policiers, gardes-côtes et
pompiers grecs ont manifesté jeudi à Athènes contre l'austérité en simulant
notamment des suicides par pendaison.
"La troïka nous suce le sang", ont-ils scandé, en allusion à la Commission
européenne, à la Banque centrale européenne (BCE) et au Fonds monétaire
international (FMI).Ces trois institutions exigent la mise en oeuvre d'une politique de rigueur drastique en échange de leur aide financière.
Cette politique se traduit par des coupes claires dans les dépenses publiques et par un alourdissement de la fiscalité. Le gouvernement grec prévoit ainsi de réduire les salaires des policiers.
Les simulations de pendaisons visaient à rappeler aux responsables politiques la hausse du taux de suicide en Grèce depuis le début de cette austérité, qui a enfoncé le pays dans une profonde récession économique.
Un peu plus tôt dans la journée, des policiers ont bloqué l'entrée du QG de la police anti-émeutes à Athènes pour empêcher des cars d'acheminer des renforts vers Thessalonique, dans le nord du pays, où devraient se dérouler d'importantes manifestations au cours du week-end.
Des heurts ont éclaté lorsque la police anti-émeutes a tenté d'évacuer l'entrée du bâtiment, où des dizaines de policiers syndiqués, la plupart en uniforme, brandissaient des panneaux et scandaient des slogans contre l'austérité.
Pour certains policiers, la situation est complexe. "Ils nous font nous battre contre nos propres frères", a déclaré un membre des forces anti-émeutes sous le sceau de l'anonymat.
17 avril 2012
Pour Joseph Stiglitz, l'Europe va droit dans le mur
Par Marc-Henri Jobin pour la Tribune de Genève
«La seule bonne chose de l'année 2011, c'est qu'elle a été meilleure que ne le sera 2012», estime le prix Nobel d'économie.
Si l'Europe poursuit ses programmes de restriction, «les années à venir seront vraiment dures».
La situation en Europe préoccupe Joseph Stiglitz. «Les chances de résoudre le problème par de nouvelles économies sont proches de zéro», relève-t-il dans une interview donnée au Tages-Anzeiger. L’Europe est même «menacée à court terme d'une deuxième récession».
La plupart des gouvernements épargnent, ce qui accentue le ralentissement économique, constate le chercheur et économiste américain. Et contrairement aux promesses faites, «on ne voit toujours pas poindre la lumière au bout du tunnel».
On prescrit la saignée au malade
«Il n'y a au monde pas un seul exemple qui montre qu'il est possible d'assainir un Etat malade en réduisant les salaires, les rentes et les prestations sociales», poursuit l'ancien prix Nobel. La croissance ralentit, les recettes fiscales baissent et la question de l'endettement n'est pas résolue, ajoute-t-il en substance.
«Les politiciens devraient aujourd'hui reconnaître qu'ils sont sur la mauvaise voie». Une surdose d'économies ne fait qu'empirer les choses. «C'est comme au Moyen-Âge: quand le patient mourait, on disait: le médecin a trop vite arrêté les saignées».
Les Irlandais paient pour leurs banques
Aujourd'hui, des pays comme la Grèce et le Portugal auraient au contraire «besoin d'une perspective de croissance crédible». Pour cela, les gouvernements devraient augmenter les dépenses de l'Etat, selon l'Américain.
«Ils peuvent le faire sans accroître les déficits, s'ils augmentent les impôts en parallèle», en introduisant par exemple une taxe sur les transactions financières, observe-t-il. L'économie en profiterait et pour un multiple des montants injectés par l'Etat.
Joseph Stiglitz reconnaît volontiers que la Grèce est surendettée. Ainsi que le Portugal et l'Irlande. Mais dans ce dernier cas, c'est n'est pas en raison d'un excès de dépenses de l'Etat.
La crise en Irlande est venue de la finance: «C'est une erreur monumentale que d'avoir sauvé les banques en difficulté avec l'argent des contribuables». Pour l'ancien professeur et chercheur,« il ne devrait pas y avoir de banque si grande qu'on doive la sauver à tout prix».
Plus d'égalité et de morale
De manière générale, l'économiste constate que les politiciens ne prennent pas suffisamment en compte les soucis des citoyens. «Ces derniers ont perdu confiance dans le capitalisme financier. La crise financière a montré que le modèle ne fonctionne pas.»
Aux Etats-Unis, le revenu moyen d'un travailleur est plus faible aujourd'hui qu'en 1968, argumente l'ancien chef économiste de la Banque mondiale. «C'est inacceptable et permet de conclure que le capitalisme n'aide en définitive qu'une petite partie des gens».
La répartition de la richesse est de plus en plus inégale, constate Joseph Stiglitz, pour qui «nous avons besoin de plus de transparence et d'égalité entre les revenus et, surtout, de plus de morale».
(Newsnet)
24 février 2012
Presque partout, dans la zone euro, l’austérité accroît l’endettement public
À droite on essaie de faire croire que, grâce à Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, l’on commence à maîtriser la situation dans la zone euro. Pourtant, les résultats obtenus par les politiques d’austérité mises en œuvre sont édifiants. Tous les pays en grande difficulté et soumis aux prétendus plans d’aide de l’Union européenne et du FMI s’enfoncent dans
la récession, subissent un appauvrissement sans précédent, sont accablés par le chômage, atteints dans leur dignité même.
Depuis le début de la crise, le produit intérieur brut (PIB) de la Grèce a baissé de près de 20 %. La croissance portugaise s’effondre de mois en mois. En Espagne, elle a baissé de 0,3 % au dernier trimestre 2011 après un zéro pointé au deuxième. Celle de l’Irlande pique aussi du nez. L’Italie affiche un -- 0,7 % après un -- 0,2 % au 2e trimestre.
Le taux de chômage suit la pente inverse. Il frôle les 23 % en Espagne, dépasse 19 % en Grèce, se maintient autour de 14,5 % en Irlande, approche les 14 % au Portugal…
Cet affaissement ne profite pas aux pays les plus puissants qui ne sont pas eux-mêmes épargnés par les mesures d’austérité. L’Allemagne elle-même en est affectée, subissant à l’image des pays de l’Europe du Sud un recul de 0,2 % de sa croissance fin 2011. Chez son voisin, l’Autriche, elle baisse de 0,1 %. En Finlande, elle est atone. La Belgique et les Pays-Bas sont en récession depuis le deuxième trimestre 2011.
La France enregistre un petit + 0,2 % au dernier trimestre 2011. Elle fait mieux que l’Allemagne mais pour des raisons particulières liées aux exportations d’Airbus et aux achats anticipés d’automobiles par les entreprises juste avant la hausse de certaines taxes. Ces purges ne permettent pourtant pas de redresser les comptes publics.
La dette publique au sein de la zone euro a très légèrement diminué au 3e trimestre 2011. Malgré cela, elle a augmenté de 4,2 points en l’espace d’un an.
En France, elle baisse certes en fin d’année, mais elle reste supérieure à son niveau de début d’année. En Grèce, en un an, elle est passée de 138,8 % du PIB à 159,1 %, en Irlande de 88,4 % à 104,9 %, en Espagne, de 58,7 % à 66 %, au Portugal, de 91,2 % à 110,1 %. Il y a eu 751 000 chômeurs de plus en 2011 dans l’euroland. C’est cela, le bilan de Merkozy.
Il est temps de changer de cap. L’on ne s’en sortira pas en promettant la « rigueur dans la justice ». Si l’on veut sortir la France et l’Europe de la crise, il faut tourner le dos résolument à la rigueur, en tout cas vis-à-vis des travailleurs et des populations. C’est plus efficace que de faire risette à la finance, l’histoire des trente dernières années le montre amplement.
Pierre Ivorra, l'Humanité
Depuis le début de la crise, le produit intérieur brut (PIB) de la Grèce a baissé de près de 20 %. La croissance portugaise s’effondre de mois en mois. En Espagne, elle a baissé de 0,3 % au dernier trimestre 2011 après un zéro pointé au deuxième. Celle de l’Irlande pique aussi du nez. L’Italie affiche un -- 0,7 % après un -- 0,2 % au 2e trimestre.
Le taux de chômage suit la pente inverse. Il frôle les 23 % en Espagne, dépasse 19 % en Grèce, se maintient autour de 14,5 % en Irlande, approche les 14 % au Portugal…
Cet affaissement ne profite pas aux pays les plus puissants qui ne sont pas eux-mêmes épargnés par les mesures d’austérité. L’Allemagne elle-même en est affectée, subissant à l’image des pays de l’Europe du Sud un recul de 0,2 % de sa croissance fin 2011. Chez son voisin, l’Autriche, elle baisse de 0,1 %. En Finlande, elle est atone. La Belgique et les Pays-Bas sont en récession depuis le deuxième trimestre 2011.
La France enregistre un petit + 0,2 % au dernier trimestre 2011. Elle fait mieux que l’Allemagne mais pour des raisons particulières liées aux exportations d’Airbus et aux achats anticipés d’automobiles par les entreprises juste avant la hausse de certaines taxes. Ces purges ne permettent pourtant pas de redresser les comptes publics.
La dette publique au sein de la zone euro a très légèrement diminué au 3e trimestre 2011. Malgré cela, elle a augmenté de 4,2 points en l’espace d’un an.
En France, elle baisse certes en fin d’année, mais elle reste supérieure à son niveau de début d’année. En Grèce, en un an, elle est passée de 138,8 % du PIB à 159,1 %, en Irlande de 88,4 % à 104,9 %, en Espagne, de 58,7 % à 66 %, au Portugal, de 91,2 % à 110,1 %. Il y a eu 751 000 chômeurs de plus en 2011 dans l’euroland. C’est cela, le bilan de Merkozy.
Il est temps de changer de cap. L’on ne s’en sortira pas en promettant la « rigueur dans la justice ». Si l’on veut sortir la France et l’Europe de la crise, il faut tourner le dos résolument à la rigueur, en tout cas vis-à-vis des travailleurs et des populations. C’est plus efficace que de faire risette à la finance, l’histoire des trente dernières années le montre amplement.
Pierre Ivorra, l'Humanité
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