22 février 2011

Politiques d’austérité en Europe

Témoignage exclusif pour Cidéfil de Spicos Tzokas, maire de Kaisariani (région de l’Attique), en Grèce.
Le maire de cette commune grecque, surnommée la « petite Stalingrad », dresse un constat accablant des conséquences de la thérapie de choc infligée à son pays. Avec des réalités qui rappellent étrangement l’impact de la réforme territoriale française !

Notre patrie, la Grèce, par un accord qui rappelle les années de l’occupation allemande et nommé « memorandum », reste dépendante et endettée. Elle reste prisonnière, « transformée en champ de tir » (comme le dit bien une chanson grecque), à la merci des usuriers, des puissants de la finance, des banquiers qui exigent le retour de leur prêt. Leur tactique est connue : ils mènent notre pays à la faillite pour l’acheter plus facilement par la suite. Autrement dit « Vous voulez sauver votre pays ? Vendez-le ! ». Ceci est d’ailleurs écrit dans l’acte du prêt tout dernièrement consenti et édicté par la « troïka » (Commission européenne, FMI et Banque centrale européenne), le jour noir du 12 février, d’une manière qui rappellent les régimes coloniaux. La déclaration était claire : vendez votre pays, pour vous « désendetter » !

Cette situation dans laquelle se trouve actuellement pas uniquement l’Etat grec et ses citoyens mais toute la Nation n’est pas uniquement économique, elle est aussi sociale, culturelle et donc profondément politique.
Par la même, notre pays se trouve dans une situation critique, premièrement dans le domaine de sa sécurité et de son indépendance nationale, deuxièmement d’un point de vue moral, du fait de son dénigrement, puisqu’il est qualifié de pays de la corruption et de l’amoralisme. Troisièmement, enfin, dans le domaine des relations internationales, en caractérisant notre pays de « goutte d’eau capable de faire déborder le vase », en matière de répercussions possibles sur l’euro et donc sur l’Union Européenne.

Le pire de tout vient de ce que le mémorandum, signé par le gouvernement grec et comportant des clauses plus défavorables que celles de notre emprunt de type colonial imposé par le Control International Economique en 1898, détermine et limite notre politique économique par des règles qui ne vont pas mener à la fin de cette tragédie. Dans ce contexte difficile, certains s’enrichissent, comme les agents du marché noir que nous avions connus pendant l’époque de l’occupation. Les sacrifices du peuple grec se transforment sans aucune perspective pour le pays en gains excessifs pour les usuriers – spéculateurs !

Victime de cette situation - la Gestion territoriale (GT), dans la mesure où l’Etat essaye par tous les moyens de la mettre sous sa coupe. Les ressources institutionnelles sont de plus en plus limitées par des artifices. Les contrôles prévus à dessein par la police se multiplient. Nous devenons témoins d’arrestations exercées par la police contre des élus locaux, quand ces derniers défendent les droits des citoyens. Tous ces exemples sont les manifestations d’une situation alarmante.

Le gouvernement fait un pas de plus vers l’un des objectifs du projet « Kallikratis » qui remplace celui de Kapodistrias 1 dans le domaine de la Gestion Territoriale. Avec ce projet Kallikratis ; le pouvoir déforme la substance même de la G.T, de la démocratie directe et par conséquent du pouvoir populaire. Avec la réduction spectaculaire, trouble et mécaniste du nombre de collectivités (6000 collectivités il y a dix ans, plus que 1034 aujourd’hui avec l’objectif de n’en conserver rapidement plus que 335 !), la G.T se transforme en un mécanisme bureaucratique, ou bien en un petit Etat dans l’Etat, impersonnel et éloigné du citoyen. Avec ce genre d’unifications se détruit toute notion de participation directe. En revanche, se renforce au niveau local la notion de l’aliénation politique, de l’éloignement et de l’exclusion des citoyens de tout pouvoir.

Se constituent ainsi de petits Etats, fortement centralisés, qui éloignent les citoyens des centres de prise de décisions.

En conclusion, le projet de Kallikratis, sur le fond, remet en cause la représentativité, l’esprit collectif et la démocratie. Le contenu de cette reforme vise en effet à un plus grand contrôle de la gestion territoriale par les centres d’intérêt économique et politique, il s’intègre dans le Plan de Stabilité et sert le néolibéralisme.

Les gouvernements visent non pas les citoyens tout court mais les élus de gauche. Ils sont contre ceux qui se mêlent des activités de la commune, de ses affaires ; qui créent des conditions mobilisatrices et de mouvement.

La G.T n’est peut être pas un mouvement en soi, mais les acteurs de gauche dans la G.T doivent créer des mouvements. Nous devons donc avoir à l’esprit une G.T au service du Citoyen, fonctionnant comme un pouvoir populaire, une gestion combative et revendicatrice ; ainsi qu’économiquement suffisante pour être apte à exercer ses prérogatives.

Nous sommes appelés à conjuguer les mouvements de la commune avec des collectivités à caractère féministe et toute autre forme de collectivités progressistes, radicales ; sociales, écologiques et culturelles.

16 février 2011

LA FRANCE MAUVAIS ELEVE

La France championne du bourrage de classes !

Selon le centre d’analyse stratégique, notre pays possède l’un des taux d’encadrement professeurs/élèves les plus mauvais de l’OCDE. Notamment en primaire et dans le supérieur.

Luc Chatel pourra difficilement faire semblant d’ignorer la réalité. La révélation provient du très officiel Centre d’analyse stratégique (CAS), une institution placée auprès du premier ministre. Et que dit-elle ? Tout simplement que la France possède l’un des taux d’encadrement professeurs/élèves les plus faibles des pays de l’OCDE.

« Tous niveaux et tous établissements confondus (publics et privés), il atteint 6,1 enseignants pour 100 élèves étudiants, alors que des pays comme la Suède, la Grèce ou le Portugal dépassent les 9 enseignants », peut-on lire dans la note de synthèse « Tendances de l’emploi public » de février 2011 (1).

Dans le détail, on s’aperçoit que ces mauvais résultats sont dus aux taux d’encadrement dans le primaire et l’enseignement supérieur. Avec 5 professeurs pour 100 élèves ou étudiants, il s’agit des plus bas de toute l’OCDE ! Dans les collèges et lycées, la France se situe, en revanche, à un niveau « médian » avec 8 enseignants pour 100 élèves. Le pire, c’est que ces chiffres prennent comme référence l’année 2007. Or, depuis, quelque 50 000 postes ont été supprimés dans le primaire et le secondaire. Auxquels doivent s’ajouter 50 000 autres entre 2011 et 2013, dont 16 000 à la rentrée.

De quoi accentuer une tendance bien française au bourrage de classes. Cette dernière est d’ailleurs parfaitement assumée par le ministère de l’Éducation nationale. Pour preuve : en juin dernier, les têtes pensantes de la rue de Grenelle recommandaient aux recteurs en mal de suppressions de postes d’augmenter, entre autres, les effectifs d’un élève par classe, dans l’espoir d’économiser 10 000 postes de profs au plan national.

Quant à Luc Chatel, il s’enferme, sur cette question, dans un déni ahurissant. En juin dernier, notre brillant ministre déclarait in extenso : « Nous avons un taux d’encadrement qui est plus important en France que celui d’autres grands pays développés. » Alors même que les chiffres de l’OCDE pour 2007 constatent 22,6 élèves par classe en primaire et 24,3 dans le secondaire, contre respectivement 21,4 et 23,9 élèves en moyenne dans l’OCDE.

Sur le fond, les chiffres du CAS ne font que confirmer la sous-dotation chronique dont souffre notamment l’école primaire en France. Dans un rapport de mai 2010, la Cour des comptes soulignait déjà que notre pays y consacrait moins de moyens que la moyenne de l’OCDE : 5 % de moins en maternelle, 15 % de moins à l’école élémentaire. Et ce sur la base des chiffres 2006.

(1) Note no 214 consultable à l’adresse http://www.strategie.gouv.fr

Laurent Mouloud pour l'Humanité

DIRECTIVE SERVICES PUBLICS : L'INTERVENTION DU DEPUTE PATRICK LE HYARIC

Parlement européen, débat sur la mise en œuvre de la directive services,  le 14 février 2011.

15 février 2011

L'ALLEMAGNE VEUT IMPOSER SA POLITIQUE ECONOMIQUE

ANGELA MERKEL, CHANCELIERE ALLEMANDE, REINE DU PETROLE EN EUROPE


Ces dernières semaines, Angela Merkel et les dirigeants allemands ont expliqué le sens qu’ils donnent au terme de « compétitivité ».
Ils proposent à leurs partenaires d’adopter un programme comportant notamment la création d’une base de calcul commune pour l’impôt sur les sociétés, la suppression de l’indexation des salaires sur les prix et le recul de l’âge de la retraite. Ils préconisent en outre l’adoption de mécanismes de plafonnement de l’endettement, tels que ceux inscrits dans la Constitution fédérale.

Si on s’en tenait à ces seuls éléments, on pourrait considérer que la France est au top dans la course à la compétitivité. Mais les dirigeants allemands en veulent plus. Notre pays est entré dans la crise avec un défi cit budgétaire d’environ 4 % de son PIB, alors que les comptes de nos voisins allemands étaient à l’équilibre.
À la sortie de la récession, notre déficit est monté à près de 8 %, contre 3,5 % pour l’Allemagne.

Berlin, qui entend le porter à moins de 3 % en 2011, trouve inacceptable que les autres n’en fassent pas autant, considérant que sans cette discipline, la possibilité de maintenir un euro au cours élevé sera diffi cile et l’équilibre de la zone continuera d’être menacé. Aussi, lorsque le ministre des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle, affirme : « Nous voulons utiliser la crise comme chance pour effectuer un grand pas en termes d’intégration » en Europe, il ne propose pas de réaliser une convergence par le haut, un rattrapage des pays les plus puissants par les plus faibles.

 Il s’agit, après la crise, de créer les conditions d’une relance de la rentabilité des capitaux dominants par la réduction du coût du travail et la baisse de la dépense publique. En France, l’équipe de Nicolas Sarkozy ne voit pas les choses autrement. Son invitation à se rapprocher du modèle de compétitivité allemand n’a pas d’autre sens. Nos dirigeants ont l’illusion qu’ils vont pouvoir ainsi tirer l’épingle du jeu pour nos propres grands groupes.
Le capitalisme français a encore davantage besoin que son homologue outre-Rhin de bénéfi cier du soutien des marchés fi nanciers et des agences de notation. Pour conforter sa place de champion de l’exportation des capitaux en Europe, il doit à tout prix obtenir des fonds de pension et d’investissement anglo-saxons qu’ils placent leur argent dans les titres de la dette publique et à la Bourse de Paris. Mais ce projet, loin d’affi rmer une ambition pour la France, n’est rien d’autre qu’une vulgaire capitulation devant les intérêts des « konzerns » outre-Rhin.

Ce corset de fer qu’on veut imposer aux peuples ne peut que renforcer la domination allemande, il risque à terme de tuer l’Europe.

Pierre ivorra pour l'Humanité